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CONTRIBUTION 9.12. 2023

Sortir de la pensée en silo - et pourquoi il est important qu'à l'avenir les sept conseillers fédéraux s'intéressent à notre système alimentaire

Sortir de la pensée en silo - et pourquoi il est important qu'à l'avenir les sept conseillers fédéraux s'intéressent à notre système alimentaire

Les médias ont récemment rapporté que l’association des paysans rêvait d’un Conseil fédéral « qui ne se mêle pas de l’agriculture », afin que le ministre en charge de l’agriculture Guy Parmelin puisse faire son travail en paix.

Aussi logique que cela puisse paraître au premier abord pour les agricultrices et agriculteurs, cette attitude est déconcertante et alarmante pour l’avenir de notre agriculture. Ce au moment même où le Conseil fédéral a enfin indiqué clairement et décidé qu’une politique agroalimentaire intégrale était nécessaire. Notre système agroalimentaire concerne tous les sept conseillères et conseillers fédéraux, tout comme l’ensemble de la société qui doit prendre ses responsabilités.

Nous avons toutes et tous besoin de denrées alimentaires saines et savoureuses, car l’alimentation est synonyme de vie. Nous avons toutes et tous besoin d’une eau potable propre, de sols sains, d’une biodiversité qui fonctionne et d’un climat stable.

Or actuellement ce ne sont pas les consommatrices et consommateurs ni les productrices et producteurs qui profitent des réglementations en vigueur, mais seuls quelques grands groupes. Les agriculteurs et agricultrices gagnent souvent trop peu et ni les atteintes à l’environnement ni les coûts sociaux et sanitaires ne sont intégrés aux prix du marché. Cela entraîne des incitations négatives dans la consommation.

L’engagement de toute la société est donc nécessaire pour transformer notre système agroalimentaire, afin qu’à l’avenir l’agriculture puisse produire des aliments sains et que nous disposions d’eau propre, de sols sains et d’une biodiversité intacte. Cet engagement est aussi fondamental pour que les paysannes et les paysans participent aux bénéfices du système agroalimentaire et puissent continuer à développer leur activité en conséquence.

Le ministre en charge de l’agriculture ne peut pas porter cela tout seul, ses collègues doivent aussi en assumer la responsabilité. À l’heure actuelle, les agricultrices et agriculteurs doivent supporter pratiquement à eux seuls toutes les prescriptions légales et la jungle des ordonnances. Il y a donc encore beaucoup à faire dans la chaîne de valorisation globale, ce qui en fin de compte déchargera aussi les paysannes et les paysans. L’agriculture est concernée par toutes les activités de notre société : lorsque de nombreuses terres cultivables continuent de disparaître au profit de la construction d’autoroutes, lorsque l’industrie et l’ensemble de notre consommation continuent à dérégler le climat, lorsque le commerce de détail a carte blanche pour vendre n’importe quel produit à n’importe quel prix, lorsque les coûts de la santé augmentent parce que nous nous nourrissons mal, lorsque les consommatrices et les consommateurs sont pénalisés par les prix en achetant des aliments sains et respectueux de l’environnement. Ce sont là des défis que le ministre en charge de l’agriculture ne peut relever seul.

Actuellement, les agricultrices et agriculteurs sont livrés à eux-mêmes face aux nombreux conflits en matière d’objectifs. Cela ne changera que si la politique assume enfin sa responsabilité et définit les règles du jeu pour l’ensemble du système agroalimentaire. Les premiers bénéficiaires en seront les paysannes et les paysans.

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