Roger Gündel est maraîcher corps et âme. Son père dirigeait déjà une exploitation horticole. Quand le fils a pu en reprendre une partie en 1995, il s'est tout de suite converti au Bio. Mais ce n'était qu'une première étape, et avec le recul relativement petite. Depuis bien d'autres pas ont été franchis. Aujourd'hui, les pratiques culturales de Birchhof diffèrent bien plus du Bio "usuel" que le Bio de l'agriculture conventionnelle. De premier abord, c'est à peine visible. Dix serres entourent la maison légèrement en contre-haut sur une colline entre la vallée de la Reuss et de Reppisch. La vue s'étend au-dessus de larges champs et de forêts jusqu'aux Alpes. On trouve un atelier bien équipé juste à côté de la maison. Des légumes d'hiver fraîchement récoltés sont préparés dans une halle. Les cultures maraîchères sont un peu plus loin le long de la forêt.
Roger Gündel avec des stagiairesC'est seulement en entrant qu'on remarque que tout est plus vert que d'habitude. Diverses herbes poussent de toute part et couvrent complètement le sol avec une fine couche de paillis. Roger Gündel est l'un des premiers et des rares producteurs de légumes en Suisse qui cultive toujours sans labour.
Il y a quatre ans, et après plusieurs années d'expériences préliminaires, il est complètement passé à cette méthode qui conserve les sols, réduit le CO2 et économise de l'énergie. C'est une entreprise risquée à 600 m d'altitude avec des sols lourds et argileux et plutôt de fortes précipitations. Il n'a récolté que des regards incrédules quand il cherchait des conseils auprès de collègues. La culture sans labour n'est pas nouvelle. Récemment elle est même revenue à la mode. Depuis un an, il y a même des paiements directs spéciaux pour cette pratique. On trouve toujours plus de maïs, mais aussi de blé ou de colza cultivés sans labour. Mais presque seulement dans des exploitations conventionnelles. Les mauvaises herbes sont alors éliminées avec des herbicides au lieu d'être enfouies par le labour, ce qui augmente l'utilisation de produits phytosanitaires et discrédite la méthode. La culture sans labour et sans herbicide n'est pratiquée en Suisse que par très peu de producteurs pour des cultures simples, et encore moins pour des cultures difficiles comme les légumes.
Un point crucial est la technique. Gündel a bricolé son matériel jusqu'à ce qu'il trouve la solution pour son exploitation. Après deux années de prairies artificielles, qui font partie de la rotation des cultures, le déchaumage se fait chaque fois avec un cultivateur superficiel léger muni des roues de soutien. Le même tracteur léger est utilisé dans les champs de légumes. Le même tracteur léger est utilisé dans les champs de légumes avec lequel on ne roule que sur des bandes laissées enherbées de la largeur des roues. Ici entre principalement en action un appareil qui ameublit le sol et en même temps maintient à un niveau faible ou arrache les herbes qui poussent entre les rangées de légumes. De fabrication maison également.
La pression des mauvaises herbes est en plus réduite avec une couche de paillis. Du même coup cela améliore l'apport en substances nutritives aux légumes. Du reste le paillis semble être un deuxième élément clé du succès des cultures de Birchhof. Dans les serres surtout, rien ne va sans paillage. Tomates, salades et concombres sont placées dans une épaisse couche de litière de prairie et de roseau – ou les plants sont simplement posés dessus. Cela contredit pourtant toutes les théories selon lesquelles une litière pauvre en nutriments priverait trop le sol de substances nutritives. Pourtant cela fonctionne à en juger les légumes verts et juteux et les bonnes expériences faites jusqu'à présent. Un travail de diplôme devrait mieux expliquer à quoi cela tient.
Depuis que certains granulés anti-limaces sont autorisés en agriculture biologique, Gündel y recourt aussi mais seulement en faible quantité, 25 kg sur toute l'exploitation, alors qu'ailleurs souvent 50 kg sont utilisés par hectare. En plus sont appliqués par année à Birchhof encore 1 kg de préparation à base de Bacillus Thuringensis contre la teigne du poireau et si besoin est le doryphore, ainsi que 1 litre maximum de préparation végétale de Neem contre des acariens pour les concombres et les aubergines. Birchhof ne parvient pas à se libérer totalement des produits phytosanitaires. Cependant de nombreuses cultures ne sont absolument pas traitées, comme des salades, des choux ou des oignons. Ce n'est pas qu'une différence importante par rapport à l'agriculture conventionnelle, où les oignons par exemple peuvent être traités près de 30 fois jusqu'à la récolte. Contrairement à l'agriculture biologique ordinaire, Gündel n'utilise pas de cuivre, même dans les pommes-de-terre. "La grande biodiversité, le système de cultures préservant les sols, mais aussi les préparations biodynamiques sont des éléments déterminants pour que les plantes restent en bonne santé", assure Gündel. Il fait par exemple bien attention à la présence de quelque chose de fleuri sur chaque surface. Ce sont souvent des plantes qui ne sont généralement considérées que comme des mauvaises herbes.
Kräutervielfalt Le dernier projet de Birchhof concerne le domaine social: Gündel aimerait transformer son exploitation à moyen terme en une coopérative, une "Community Supported Agriculture" (CSA) ou "agriculture contractuelle régionale", dans laquelle les consommatrices et consommateurs font partie de l'exploitation en tant que coopérateurs, s'engagent à venir acheter une certaine quantité de légumes, mais aussi participent activement à la culture et à la récolte. L'association Vision Birchhof a été fondée il y a deux ans et déjà près de 40 abonnés reçoivent leur panier de légume selon ce système.
Discuter avec Roger Gündel procure ce sentiment agréable que l'agriculture est le travail le plus passionnant du monde. Un après-midi n'est de loin pas suffisant pour approcher ou se pencher plus avant ou même approcher les nombreuses perspectives qu'offre de la "croissance vers l'intérieur".
L'exploitation maraîchère Bio-Birchhof en chiffres: Surface agricole utile 14 ha, dont 4 ha de légumes, 2 ha de sapins de Noël, 1 ha de verger à basse tige extensif, 4 ha de prairies artificielles dans la rotation de culture, 10% de surfaces écologiques.
5 employés permanents, dont 2 apprentis, jusqu'à 10 personnes à l'heure.
Commercialisation: marché, coopérative Vision Birchhof, magasin à la ferme, boutiques Bio de la région.
Label: Bourgeon Bio Suisse et Demeter.