Les femmes dans l’agriculture : leur donner plus de visibilité, les renforcer et les relier entre elles
La plupart des femmes actives dans l’agriculture sont les épouses des chefs d’exploitation, appelées « paysannes » dans le langage courant, même si elles ne sont pas toutes au bénéfice d’une formation de paysanne. Jusqu’ici, la recherche sur le genre dans l’agriculture s’est concentrée sur ces dernières. Entre 30 et 50 pour cent de ces « paysannes » travaillent sans être rémunérées sur les exploitations de leur époux, d’une part par tradition et d’autre part, car sans ce travail gratuit, certaines exploitations rencontreraient des difficultés financières.
Par ailleurs, certaines femmes ne sont pas des paysannes « traditionnelles » et n’ont jusqu’ici pas été l’objet de la recherche sur le genre : il s’agit des agricultrices, des (co-)cheffes d’exploitation, des femmes provenant d’une autre profession. Elles aussi fournissent à l’ensemble de l’agriculture une contribution économique importante que l’on perçoit à peine. Contrairement aux paysannes, elles n’ont aucun lobby et sont rarement organisées en réseau.
Dans ce contexte, Vision Agriculture et la BFH-HAFL ont lancé ce projet transdisciplinaire visant les objectifs suivants :
a) Acquérir des connaissances sur la contribution économique des femmes aux exploitations agricoles et sur leur place dans le système agricole national,b) Concevoir et mettre en œuvre des mesures visant à mettre en réseau et à renforcer les praticiennes,
c) Diffuser les connaissances acquises via les canaux appropriés.
Pour cela, il s’agit d’acquérir des connaissances fondamentales sur la contribution économique de toutes les femmes à l’exploitation agricole familiale, sur leur statut dans les exploitations et leur position dans la politique et la société. Cela se fait notamment au moyen d’analyses quantitatives de données secondaires, d’analyses de la législation et d’entretiens qualitatifs. Le projet porte avant tout sur les praticiennes, à savoir les femmes actives dans l’agriculture, indépendamment de leur formation ou de leur statut officiel dans l’exploitation. En fonction de la phase du projet, les connaissances sont développées en collaboration avec les praticiennes au sein desdits « Living Labs » et dans le cadre d’échanges avec des partenaires européens des domaines de la recherche et de la pratique. Ce savoir transdisciplinaire servira d’une part à élaborer et à mettre en œuvre des mesures pour donner plus de visibilité aux praticiennes, les renforcer et les relier entre elles. D’autre part, il sera diffusé par un travail de relations publiques et des organisations partenaires afin d’amener des changements sur les plans politique ou législatif pour obtenir davantage d’équité entre les genres dans l’agriculture.